Lazy Lester est un des derniers
représentants encore vivant de l’âge d’or du Swamp
blues. Chanteur, harmoniciste et guitariste, il fait
partie de ces artistes qui ont fait la gloire du label
Excello aux côtés de musiciens comme Lightnin’Slim,
Slim Harpo, Lonesome Sundown, Whispering Smith, Katie
Webster, Silas Hogan, Tabby Thomas, Henry Gray pour ne
citer que les plus célèbres…
Lazy Lester, né Leslie Johnson le 20 juin 1933 à
Pointe Coupee en Louisiane, a grandi au nord de Baton
Rouge au sein d’une famille de neuf enfants. Son père
travaillant dans une scierie, c’est sa mère qui restait
à la maison et lui a donné le goût du chant et de
l’harmonica : « … elle jouait des airs qu’elle avait
entendu il y a longtemps, des traditionnels country et
des spirituals… ». Lester écoutait également la station
de radio WTPS de la Nouvelle Orléans ainsi que des
disques de Blind Lemon Jefferson, Joe Hill Louis, ou
encore Peetie Wheetstraw sur un vieux phonographe RCA
Victor qui appartenait à sa tante. Il apprit la guitare
en jouant sur celle de son frère Robert, guitare sur
laquelle un certain « Guitar » Gable venait déjà jouer
quelques notes. Ironie du sort, ce n’est que plus tard
que Lester s’est sérieusement mis à l’harmonica. Il va
être très influencé par les disques de Jimmy Reed, Sonny
Boy Williamson II mais il réserve un respect tout
particulier pour Little Walter, également Louisianais,
qu’il dit avoir connu même s’ils n’ont jamais joué
ensemble.
Adolescent, il forme son premier groupe, the Rhythm
Rockers. Il écume les « House parties », les clubs et
acquiert une certaine popularité dans sa région. Il
devient alors très ami avec un autre grand harmoniciste,
Slim Harpo, qu’il allait voir dans les clubs locaux.
En 1956, Lester rencontre par hasard Lightnin’ Slim dans
un bus. Le chanteur/guitariste, qu’il admire, l’invite à
venir dans les studios d’Excello, label célèbre pour ses
enregistrements de blues, country, cajun et Rock’n’Roll.
Il y rencontre le patron Jay Miller, qui lui donnera
plus tard son nom de scène. Alors que Miller et Slim ne
trouvaient pas l’harmoniciste Wild Bill Phillips qu’ils
désiraient pour une session, Lester se jette à l’eau et
dit qu’il peut mieux jouer que ce fameux Phillips. On
lui donne des harmos, il s’accompagne à la guitare, les
deux autres sont sidérés. Il est alors engagé pour la
session de Lightnin’ Slim, Jay Miller comprend qu’il
vient de trouver la perle rare. Dès lors, commence une
longue carrière et une collaboration prolifique avec Jay
Miller qui fera d’Excello un label novateur, aux
sonorités si particulières (Lester a parfois joué des
percussions sur des boîtes à chaussures sur certains
enregistrements). En tant que leader, Lester enregistra
85 titres pour Jay Miller. Ils cesseront de collaborer
en janvier 1967.
C’est également à cette période que Lester va abandonner
la vie de musicien pendant près de 20 ans. Il va alors
pratiquer toute sorte de boulots comme camionneur,
peintre, bûcheron, etc.… mais emmènera toujours ses
harmonicas avec lui pour jouer occasionnellement.
A la fin des années 60, Lester vécut à Chicago et
fréquentait les clubs de blues en tant que spectateur.
Il lui est arrivé de se joindre à Buddy Guy (qu’il
connaissait car il était originaire de la Louisiane) et
Junior Wells au fameux Pepper Lounge. Mais le climat
trop froid l’incita à retourner s’installer en
Louisiane.
En 1971, un fan de blues Fred Reif réussit à rassembler
à nouveau Lester et Lightnin’ Slim, qui travaillait
alors dans l’industrie automobile, le temps du Chicago
Folk Festival mais c’est en 1979 que Lester revient dans
le circuit blues professionnel en jouant dans le tout
jeune festival d’Utrecht. En 1987, accompagné par le
groupe écossais Blues’nTrouble, il enregistre l’album
Lazy Lester Rides Again qui lui vaudra un Handy Award du
meilleur album de blues contemporain. Depuis il a
enregistré 3 autres albums : Harp and Soul (Alligator)
en 1988, et All over You (Antone’s) en 1998, et Blues
Stop knockin’ en 2001.
Aujourd’hui, Lester ne cesse de tourner à travers le
monde, en 2001 il est venu six fois en Europe. Et
lorsqu’il ne joue pas, il dit qu’on peut le trouver chez
lui à Michigan, en train de pêcher au bord d’un lac…